| Abstract: |
L'incertitude, la complexité et l'ambiguïté sont au cœur des sociétés
modernes. Les transformations s'accélèrent et représentent un défi
incontournable pour toutes les organisations, publiques comme privées. La
solution est souvent recherchée à travers les outils, les processus et les
organigrammes, alors qu'il s'agit avant tout d'une démarche collective de
femmes et d'hommes. Ainsi, une meilleure compréhension de l'innovation et de
la transformation dans les organisations nécessite, d'une part, de saisir les
caractéristiques individuelles, collectives et environnementales des acteurs
qui y contribuent et, d'autre part de comprendre quelles sont les compétences
spécifiques des innovateurs[1]. Or, d'importantes compétences requises pour
l'activité de ces acteurs ne relèvent pas de la technique ou du métier mais
sont de nature socio-comportementale. L'objectif de cette étude est de
comprendre lesquelles de ces compétences transversales, ou soft skills, sont
mobilisées par ces hommes et ces femmes afin d'innover et de conduire la
transformation de leurs organisations. Former les femmes et les hommes, nos
talents, à savoir reconnaître et développer leurs soft skills, engager et
préparer les équipes à être moteurs de la transformation et de l'innovation
sont des enjeux majeurs, car vecteurs de croissance, de compétitivité et
d'emploi. Il s'agit de faire encore progresser la France dans l'économie de la
connaissance. A cette fin et à l'issue de six années de recherche et de
l'analyse de 364 profils de managers, les travaux présentés associent les
points de vue de la psychologie de la personnalité, des sciences de gestion et
de la sociologie. Ces travaux identifient et évaluent les compétences et les
contextes de travail qui favorisent ou freinent les innovations et les
transformations, au niveau tant des individus que des collectifs. Ils
s'appuient sur un matériau empirique original, recueilli en France entre 2015
et 2020 auprès d'entreprises et d'innovateurs. Dans son volet qualitatif,
l'étude se fonde sur des entretiens semi-directifs menés auprès de personnes
considérées comme des « innovateurs » : 93 intrapreneurs et 33 startupers. Les
éléments obtenus des répondants permettent de caractériser leurs parcours,
leurs aspirations, ainsi que leurs représentations de l'innovation. Sur cette
base et à partir également de la littérature académique et d'échelles de
mesure psychométriques éprouvées, un outil d'évaluation des softs skills de
l'innovation et des environnements de travail a été élaboré,
l'InnovationProfiler©. La grille de lecture en 25 compétences ainsi obtenue
constitue le socle utilisé ensuite dans le volet quantitatif de l'étude, qui
est passé par la réalisation d'une enquête en ligne auprès 269 individus au
total. Trois catégories de personnes ont été interrogées par ce biais :
intrapreneurs (du privé et du secteur public), startupeurs et managers «
classiques » (hors postes centrés sur l'innovation). En montrant comment
interagissent ces 25 soft skills selon ces trois catégories de personnes,
l'étude établit une typologie des innovateurs selon leurs profils de soft
skills, ainsi qu'une classification des environnements de travail plus ou
moins favorables aux activités d'innovation et de transformation des
organisations. Le document en déduit sept recommandations visant à développer
les soft skills des personnes et équipes en charge de ces activités, sur le
triple plan de l'individu, du collectif de travail et de l'organisation. Pour
l'essentiel, ces préconisations impliquent trois séries de leviers qui
concernent respectivement la formation et l'accompagnement des personnes, puis
l'intégration d'une diversité de profils dans les équipes de travail, et enfin
le développement d'environnements capacitants, permettant aux compétences
transversales de se réaliser pleinement. |